Suis xénophobe moi non plus

  • Publié le 05 oct 2022 (Mise à jour le 12 apr 2025)
  • Temps de lecture 3 minutes
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Au moment où vous lirez ces lignes, fort probable que la CAQ forme, à nouveau, le gouvernement. Merci au scrutin actuel, dont la réforme serait, dixit Legault, une affaire « intéressant uniquement quelques intellectuels », une bonne vingtaine de comtés s’ajoutent maintenant, vous saurez me le dire, au palmarès caquiste. CQFD.

Retour vers l’arrière : à 48 heures du vote, le premier ministre sortant y allait d’une déclaration qui, je dois bien l’admettre, m’a fait titiller solide. Se disant injustement traité par des observateurs, il affirme: « Moi, je pense que la majorité des Québécois veulent qu’on protège notre langue et nos valeurs. On est là où sont les Québécois, pas quelques analystes qui disent le contraire et qui associent ça à du racisme. Ce qu’on veut, c’est protéger notre langue et nos valeurs ».

Difficile de ne pas me sentir directement interpellé, moi qui a, tout au long de la campagne et précédemment, dénoncé du plus fort de mes poumons les accointances xénophobes de la CAQ, leur paroxysme ayant été atteint lors des propos du ministre de l’Immigration Boulet à l’effet que « 80% des immigrants vont vivre à Montréal, ne parlent pas français, ne travaillent pas, et refusent nos valeurs ».

Évidemment, et comprenons-nous bien, l’accusation de xénophobie – a fortiori celle de racisme – n’est pas à faire à la légère, ses symboles et répercussions étant lourds de sens. C’est ainsi qu’avant de balancer celle-ci, son expéditeur se doit de faire ses devoirs. Or, les preuves sont claires : autant spectaculaire que puisse paraître la mitraille de Boulet, cette dernière se veut, tout simplement, la suite logique d’une stratégie électoraliste misant, sans scrupules apparents, sur la xénophobie.

Voici, pour les sceptiques, le bilan en question, avec mention des protagonistes :

• Détruire illégalement 18 000 dossiers d’immigration (Jolin-Barrette);

• Associer les réfugiés de Roxham aux enjeux de la lutte à la pandémie (Boulet);

• Associer l’immigration au risque de « louisianisation » du Québec (Legault);

• Associer l’immigration à la violence et la « chicane » (Legault);

• Associer l’immigration à l’enjeu de la cohésion sociale (Legault);

• Associer l’immigration à la montée de l’extrême droite en Suède et Allemagne (Legault);

• Afin de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre, affirmer préférer des robots aux immigrants (Boulet);

• Destruction du PEQ, soit le Programme expérience Québec, lequel permettait aux étudiant.es étrangers ayant étudié ici d’obtenir plus rapidement leur résidence permanente (SJB);

• Promettre l’imposition d’un arbitraire « Test des valeurs », sous peine de déportation (Legault et SJB);

• Affirmer qu’il fallait « adopter la Loi 21 pour faire plaisir à la majorité, pour éviter les extrêmes, parce qu’on a des gens un peu racistes » (Legault);

• Rejeter le Principe de Joyce (Legault et tous des députés);

• Refuser une journée nationale autochtone (Legault);

• Refuser de reconnaître le racisme systémique, malgré les rapports Viens, CDPQ et Coroner (Legault et ses ministres concernés);

• Affirmer qu’accepter plus de 50 000 immigrants annuellement relèverait du « suicide » (Legault);

• Affirmer qu’un immigrant au salaire en deçà de 56k par année « aggraverait notre problème » (Legault);

• Retirer le droit à l’avocat aux candidats à l’immigration (Boulet).

Morales de l’histoire? Quelques-unes. D’abord, que Legault pouvait difficilement faire la morale à son ministre Boulet, lui qui se mérite la palme des affirmations outrancières. Deuxièmement, qu’à ce que je sache, les analystes visés ici par Legault sont tout autant québécois que lui, aiment le français et notre culture. Enfin, que son bilan est indubitable : la CAQ surfe, inexorablement, sur la xénophobie et parfois le racisme. Lui reste, maintenant, à s’assumer comme tel.

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